La productivité à tout
prix !
Bruxelles, le 10
juin 2016
La cohésion et la
solidarité en réponse…
Le 25
mai, au lendemain de la manifestation Nationale Interprofessionnelle, les
ateliers de traction arrêtaient le travail de manière spontanée tant en
Wallonie qu’en Flandre.
Pour
en comprendre les raisons, il faut remonter à la genèse de cette affaire…
En
effet, les cheminot(e)s comme tous les autres travailleurs de ce pays sont
attaqués dès les 1ers jours par un gouvernement antisocial au
service des riches et des nantis. Quoi qu’ils en disent, il s’agit, bel et
bien, d’une démocratie à deux vitesses qui génère une impopularité grandissante
tant auprès des agents des services publics que du reste de la population (voir
les derniers sondages). Or, chacun sait que les services publics sont la
première richesse des travailleurs.
A la
Commission Paritaire Nationale du 17 mai 2016, nous découvrons lors de
l’Information Economique et Financière que nous flirtons allègrement avec une
augmentation de la productivité de presque 5,7% rien que sur la période
budgétaire de l’année 2015.
Mais,
il ne fallait rien laisser filtrer avant la Commission Paritaire Nationale du
16 décembre 2015 où la Direction, pour accomplir ses
objectifs budgétaires, est passée outre de l’avis négatif de la
CGSP-ACOD.
La
CGSP-ACOD a, à cet effet, introduit un recours au Conseil d’Etat suite au
passage en force de la Direction en ce qui concerne, notamment, la remise en
question des 36h repris dans le Statut des cheminots (Chapitre VI - Prestations
et Repos).
Prétendre
que la Direction n’a aucune responsabilité en agissant de la sorte relève de la
supercherie intellectuelle.
Il ne
fait aucun doute que la circulaire 24 HHR publiée le 19/05/2016 par HR-Rail,
sans se soucier des conséquences et malgré toute la réticence de notre
organisation syndicale relève de la provocation pure et dure.
Dans
cette circulaire imbuvable, ils décomptaient tout et n’importe quoi. Quant à la
presse ou du moins, celle qui nous est particulièrement hostile, elle en
profite pour traiter les cheminot(e)s de fainéants ou de profiteurs. On feint
d'oublier que depuis 30 ans, les effectifs sont passés de 68.000 à 34.000
agents et que la Société Nationale des Chemins de fer belges est en
restructuration permanente.
Qu’à
deux reprises, les cheminots ont mené de grandes grèves mais toujours à cause
d’une volonté délibérée de s’attaquer aux travailleurs pour des raisons
purement idéologiques. En 1983 et 86, avec un gouvernement Maertens-Gol et le
Ministre Herman DeCroo et, cette année, en 2016 avec un gouvernement Michel-De
Wever-Peeters-Decroo. En regardant de plus près, les objectifs étaient tout à
fait les mêmes, s'attaquer aux emplois, augmenter la productivité et réduire
les moyens!
Qui sème le vent, récolte la tempête!
Bien qu'il ne voudra jamais l’avouer, ce gouvernement dont l'objectif est de déshumaniser la
Société, par le biais de ses intransigeances libérales en matière de services
publics, est le principal responsable des événements qui sont en train de se
produire!
Pouvons-nous reconnaitre la
légitimité de ce gouvernement ?
Ces
montages politiques (doux euphémisme) et le fait qu'un seul parti ne représente
plus qu'un francophone sur cinq nous semble très léger du point de vue
démocratique…
Alors,
en effet, ce débrayage s’est répandu telle une trainée de poudre et dans les
jours qui suivirent, presque la totalité des cheminot(e)s étaient en grève.
Les Cheminot(e)s
avaient-ils de bonnes raisons pour la faire ?
Après
toutes les annonces faites dans les médias de la part des CEO, des Ministres
des pensions et de la mobilité, des déclarations incendiaires… il est
compréhensible que les gens « pètent un plomb » et que la charge
émotionnelle ait atteint des sommets jamais égalés.
Le
travail a repris le vendredi 3 juin, à savoir après une dizaine de jours de
grève. La Direction prête à tout pour casser le mouvement, à l'instar du
gouvernement, n’a jamais tenté la moindre ouverture équilibrée, honnête et
honorable pour les travailleurs.
Nous
savions que cette situation devenait intenable pour les Camarades en lutte
depuis 10 jours. Il est vrai que, dans le nord du pays, la presse botte en
touche les syndicats "rouges" en tenant les mêmes propos populistes
que la NVA et ses disciples. Faits troublants, avant ou en marge des
interviews, les journalistes parlent de la NVA en lui prêtant des intentions
que l’on retrouve bizarrement dans leurs questions. Il faut croire qu'une
certaine presse sympathise avec les séparatistes...
Reculer pour mieux vaincre!
Toujours
est-il que le Bureau Exécutif National qui s’était tenu le 2 juin avait décidé
la reprise du travail, suite à un vote majoritaire.
L’objectif
de cette décision était double, d’une part, éviter les absences de plus de 10
jours qui pouvaient conduire à la menace de révocation et, d’autre part,
surtout rassembler nos forces. Il est vrai que notre stratégie vise à renforcer
notre rapport de force pour être en capacité de faire face à d'autres défis à
relever durant cette législature (pensions, 4ème paquet ferroviaire,...).
Sans
se faire trop d'illusions, il y a fort à parier que les mesures envisagées par
le gouvernement risquent de se poursuivre durant les prochains mois.
C'est pourquoi, l'action
des cheminot(e)s ne s'arrêtera certainement pas là!
Nous devons rester
mobilisés!
C’est
également la raison pour laquelle la CGSP/ACOD Cheminots-Spoor avait décidé
d’envoyer des préavis du 01 juin au 09 juin afin de couvrir les affiliés. Ces
préavis ont été rejetés de manière unilatérale par la Société des chemins de
fer belges qui, après le recours aux huissiers de justice, s’arroge le droit de
décider de la légitimité d’une grève…
Nous
avons immédiatement contesté cette position en envoyant un courrier recommandé
en guise de protestation mais le Président du Conseil d'Administration, M.
Fontinoy refuse d'en tenir compte. Cette attitude n’est certainement pas de
nature à créer un climat serein et respectueux au sein des instances du
dialogue social!
Quoi qu'il en soit, le Bureau National du
10 juin a pris, me semble-t-il, la sage décision de maintenir la cohésion
nationale en n'appelant pas à la grève à partir du dimanche 12 juin à 22h00. En
revanche, la CGSP/ACOD a demandé d'aboutir à une solution équilibrée d'ici le
vendredi 16 juin.
Quatre
réunions ont donc été programmées avec la Direction.
Le
tout est de voir si elle souhaite "jouer
cartes sur table" ou
"brouiller les cartes" comme elle l'a fait jusqu'à présent...
Michel Abdissi Serge Piteljon
Président. Secrétaire Général