.          (Sous la direction de la section de Cuesmes - Régionale de Mons/Borinage)          .

14 juin 2016

La productivité à tout prix ! - Article "la tribune" à paraître bientôt



La productivité à tout prix !

Bruxelles, le 10 juin 2016

La cohésion et la solidarité en réponse…


Le 25 mai, au lendemain de la manifestation Nationale Interprofessionnelle, les ateliers de traction arrêtaient le travail de manière spontanée tant en Wallonie qu’en Flandre.
Pour en comprendre les raisons, il faut remonter à la genèse de cette affaire…
En effet, les cheminot(e)s comme tous les autres travailleurs de ce pays sont attaqués dès les 1ers jours par un gouvernement antisocial au service des riches et des nantis. Quoi qu’ils en disent, il s’agit, bel et bien, d’une démocratie à deux vitesses qui génère une impopularité grandissante tant auprès des agents des services publics que du reste de la population (voir les derniers sondages). Or, chacun sait que les services publics sont la première richesse des travailleurs.
A la Commission Paritaire Nationale du 17 mai 2016, nous découvrons lors de l’Information Economique et Financière que nous flirtons allègrement avec une augmentation de la productivité de presque 5,7% rien que sur la période budgétaire de l’année 2015.
Mais, il ne fallait rien laisser filtrer avant la Commission Paritaire Nationale du 16 décembre 2015 où la Direction, pour accomplir ses objectifs budgétaires, est passée outre de l’avis négatif de la CGSP-ACOD.
La CGSP-ACOD a, à cet effet, introduit un recours au Conseil d’Etat suite au passage en force de la Direction en ce qui concerne, notamment, la remise en question des 36h repris dans le Statut des cheminots (Chapitre VI - Prestations et Repos).
Prétendre que la Direction n’a aucune responsabilité en agissant de la sorte relève de la supercherie intellectuelle.
Il ne fait aucun doute que la circulaire 24 HHR publiée le 19/05/2016 par HR-Rail, sans se soucier des conséquences et malgré toute la réticence de notre organisation syndicale relève de la provocation pure et dure.
Dans cette circulaire imbuvable, ils décomptaient tout et n’importe quoi. Quant à la presse ou du moins, celle qui nous est particulièrement hostile, elle en profite pour traiter les cheminot(e)s de fainéants ou de profiteurs. On feint d'oublier que depuis 30 ans, les effectifs sont passés de 68.000 à 34.000 agents et que la Société Nationale des Chemins de fer belges est en restructuration permanente.

Qu’à deux reprises, les cheminots ont mené de grandes grèves mais toujours à cause d’une volonté délibérée de s’attaquer aux travailleurs pour des raisons purement idéologiques. En 1983 et 86, avec un gouvernement Maertens-Gol et le Ministre Herman DeCroo et, cette année, en 2016 avec un gouvernement Michel-De Wever-Peeters-Decroo. En regardant de plus près, les objectifs étaient tout à fait les mêmes, s'attaquer aux emplois, augmenter la productivité et réduire les moyens! 

Qui sème le vent, récolte la tempête!

Bien qu'il ne voudra jamais l’avouer, ce gouvernement dont l'objectif est de déshumaniser la Société, par le biais de ses intransigeances libérales en matière de services publics, est le principal responsable des événements qui sont en train de se produire!

Pouvons-nous reconnaitre la légitimité de ce gouvernement ?

Ces montages politiques (doux euphémisme) et le fait qu'un seul parti ne représente plus qu'un francophone sur cinq nous semble très léger du point de vue démocratique…

Alors, en effet, ce débrayage s’est répandu telle une trainée de poudre et dans les jours qui suivirent, presque la totalité des cheminot(e)s étaient en grève.

Les Cheminot(e)s avaient-ils de bonnes raisons pour la faire ?

Après toutes les annonces faites dans les médias de la part des CEO, des Ministres des pensions et de la mobilité, des déclarations incendiaires… il est compréhensible que les gens « pètent un plomb » et que la charge émotionnelle ait atteint des sommets jamais égalés.
Le travail a repris le vendredi 3 juin, à savoir après une dizaine de jours de grève. La Direction prête à tout pour casser le mouvement, à l'instar du gouvernement, n’a jamais tenté la moindre ouverture équilibrée, honnête et honorable pour les travailleurs.
Nous savions que cette situation devenait intenable pour les Camarades en lutte depuis 10 jours. Il est vrai que, dans le nord du pays, la presse botte en touche les syndicats "rouges" en tenant les mêmes propos populistes que la NVA et ses disciples. Faits troublants, avant ou en marge des interviews, les journalistes parlent de la NVA en lui prêtant des intentions que l’on retrouve bizarrement dans leurs questions. Il faut croire qu'une certaine presse sympathise avec les séparatistes...

Reculer pour mieux vaincre!

Toujours est-il que le Bureau Exécutif National qui s’était tenu le 2 juin avait décidé la reprise du travail, suite à un vote majoritaire.
L’objectif de cette décision était double, d’une part, éviter les absences de plus de 10 jours qui pouvaient conduire à la menace de révocation et, d’autre part, surtout rassembler nos forces. Il est vrai que notre stratégie vise à renforcer notre rapport de force pour être en capacité de faire face à d'autres défis à relever durant cette législature (pensions, 4ème paquet ferroviaire,...).
Sans se faire trop d'illusions, il y a fort à parier que les mesures envisagées par le gouvernement risquent de se poursuivre durant les prochains mois.

C'est pourquoi, l'action des cheminot(e)s ne s'arrêtera certainement pas là!
Nous devons rester mobilisés!   

C’est également la raison pour laquelle la CGSP/ACOD Cheminots-Spoor avait décidé d’envoyer des préavis du 01 juin au 09 juin afin de couvrir les affiliés. Ces préavis ont été rejetés de manière unilatérale par la Société des chemins de fer belges qui, après le recours aux huissiers de justice, s’arroge le droit de décider de la légitimité d’une grève…
Nous avons immédiatement contesté cette position en envoyant un courrier recommandé en guise de protestation mais le Président du Conseil d'Administration, M. Fontinoy refuse d'en tenir compte. Cette attitude n’est certainement pas de nature à créer un climat serein et respectueux au sein des instances du dialogue social!

Quoi qu'il en soit, le Bureau National du 10 juin a pris, me semble-t-il, la sage décision de maintenir la cohésion nationale en n'appelant pas à la grève à partir du dimanche 12 juin à 22h00. En revanche, la CGSP/ACOD a demandé d'aboutir à une solution équilibrée d'ici le vendredi 16 juin.

Quatre réunions ont donc été programmées avec la Direction.

Le tout est de voir si elle souhaite "jouer cartes sur table" ou "brouiller les cartes" comme elle l'a fait jusqu'à présent...


Michel Abdissi                       Serge Piteljon
Président.                           Secrétaire Général

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